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 Le Nouvel Obs s'intéresse à la Galère universitaire

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Charlou

Charlou


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MessageSujet: Le Nouvel Obs s'intéresse à la Galère universitaire   Le Nouvel Obs s'intéresse à la Galère universitaire EmptyJeu 29 Nov - 15:47

Nº2247SEMAINE DU JEUDI 29 Novembre 2007
À la Une < Le Nouvel Observateur < Le blues des déshérités de la fac


Les sciences humaines, foyer de la contestation
Le blues des déshérités de la fac
Profs souvent lointains, locaux misérables et dispersés, absence de projets... Ce n'est pas un hasard si les mobilisations ont surtout touché les jeunes des filières littéraires. Reportage sur les galères étudiantes au quotidien à Censier-Paris-lll



Un paquebot qui va on ne sait où» : Julie, 18 ans, brune et fine, tente de décrire la fac de Censier-Paris-III, où elle est en médiation culturelle. Cette année, ils sont 3 000 comme elle à être montés à bord, et beaucoup arpentent les coursives en se demandant ce qu'ils font là. A deux pas du Jardin des Plantes, à Paris, ils cherchent encore leurs marques dans ces bâtiments sans grâce des années 1960, conçus pour être juste fonctionnels, ces halls sonores sans un siège où s'asseoir, ces couloirs blafards avec pour seule déco des panneaux d'affichage surchargés... Balade en pleine agitation antiréforme en compagnie d'une poignée d'entre eux.
Pourquoi avoir choisi la fac de sciences humaines ? «Mes notes ne me permettaient pas défaire autre chose», dit Julie. Elle habite aux Lilas, chez sa mère, qui travaille comme serveuse. Elle a fait L, sans éclat. «Je suis trop feignant», reconnaît de son côté Yacine, 18 ans, la coupe hérisson, qui s'est inscrit en cinéma-audiovisuel après avoir décroché son bac «ric-rac». Mais il est mordu de cinéma. A les entendre, ni eux ni leurs copains n'auraient pu prétendre à une prépa, trop haut, ni à un BTS, trop mal considéré, croyaient-ils. Pour ces élèves moyens, la fac était la seule issue. Ils assument le fait sans amertume.
Et pour la filière ? Un peu de choix personnel, une pincée de hasard, rien de vraiment construit. D'ailleurs, où trouver les conseils ? Rencontrer le conseiller d'orientation au lycée était une galère. Julie a choisi la médiation culturelle parce qu'elle voudrait «travailler dans les ambassades»... D'autres étaient bons en anglais, va pour langues étrangères appliquées. Jean-Marcel, 18 ans, gueule d'ange, moue désabusée, a songé à s'inscrire en cinéma parce qu'il rêve un peu d'être acteur, et puis, hop ! au dernier moment il a pris un biparcours cinéma/théâtre : «Il faut bien faire quelque chose.»


Première épreuve du feu : les inscriptions pédagogiques. «Personne ne vous renseigne sur le contenu des cours, on se fonde sur quelques lignes d'intitulé dans une brochure», dit Julie. Il faut apprendre la patience... «J'ai attendu près de cinq heures devant une porte qui n'était pas la bonne», se rappelle Jean-Marcel. Et les galères d'emploi du temps, les TD (travaux dirigés) incompatibles avec les cours en amphi, personne pour en discuter... Des tracas qui font le lit d'une inquiétude diffuse, d'un vague sentiment d'absurde.

Ils sont trois copains dans le hall principal, tandis qu'une AG fait le plein dans l'amphi : «On a tous envie de laisser tomber nos études.» Tous trois en deuxième année de LEA anglais/chinois : Adeline, 20 ans, blonde, ronde et gaie Julien, 19 ans, le regard noir; Marie, 19 ans, les yeux pétillants derrière des lunettes de vamp. Tous les trois viennent de Seineet-Marne. L'impression qu'ils gardent de leur première année ? «Pas assez de soutien, pas assez d'indications, pas assez de cadre», répondent-ils en choeur. Une sorte de course au trésor, mais à l'aveuglette, sans l'excitation du jeu. «On n'a pas cessé de se perdre. Il y en a qui pleuraient», dit Adeline. Le choc de la pénurie : des locaux délabrés, des salles de TD trop petites où le professeur doit refuser les derniers arrivés, des cours dispersés jusqu'à la gare de l'Est, le secrétariat plus souvent fermé qu'ouvert, le micro de l'amphi qui ne fonctionne pas...


Et pas assez d'heures de cours ! Après le forcing du lycée, voici le vertige de la semaine «à trous». Jean-Marcel, celui qui rêve d'être comédien, est libre tous les après-midi. De son côté, Julie jongle. Elle a cours un matin aux aurores, puis le soir, puis rien le vendredi, enfin tout le samedi... Avec le désoeuvrement s'installe une certaine fatigue d'avoir à décider comment occuper ces plages de liberté. «Le soir, en rentrant chez nous, on se demande à quoi ça sert», dit Julien, en LEA. Ils se sentent perdus. Les uns parce qu'ils ne savent pas comment travailler davantage. «Je recopie mes cours, je fais un peu de recherche, je ne sais pas quoi faire d'autre», dit Julie. D'autres parce qu'ils ne sont jamais à flot. «Les profs nous donnent des bibliographies énormes pour chaque cours. J'ai l'impression d'être toujours en retard», soupire Aminé, 20 ans, en lettres, parcours philo. Il est syndiqué à l'Unef, très mobilisée contre la loi Pécresse. Il vit chez ses parents, dans l'Essonne. Son père est enseignant.

Pourraient-ils en parler avec leurs professeurs ? «On ne sait pas où les trouver», poursuit Aminé. A la veille des vacances de la Toussaint, Julie voulait tout lâcher : «Je ne comprenais pas ce que l'on attendait de moi.» Il y a bien des étudiants-tuteurs chargés d'aider ceux des premières années, mais c'est encore un gymkhana pour savoir où et quand on peut les voir...
On pense à la phrase d'Alain Peyrefitte lancée en 1967, alors qu'il était ministre de l'Education nationale :«Tout se passe comme si l'université organisait un naufrage pour repérer les nageurs qui échapperont à h noyade (1).» Une enseignante de l'UER de médiation culturelle la reprend à son compte. Elle évoque comme une évidence la «sélection naturelle» à l'oeuvre en première année (1). Pas trop de remise en question de ce côté-là, selon les étudiants. «Les profs ne savent pas rendre leur cours intéressant. Ils les récitent sur un ton morne, monocorde. Es pourraient faire un effort pour les rendre plus interactifs, plus vivants», regrette Adeline. Moins théorique aussi, peut-être ? En langues, l'oral est réduit à la portion congrue. En cinéma ? «On est ici pour finir historien du cinéma», regrette Yacine. Ils préféreraient être préparés à un «métier». On se pince ! Quand les syndicats étudiants dénoncent les sirènes de la professionnalisation, il en est pour s'inquiéter que leur diplôme n'ait aucune valeur sur le marché du travail. D'ailleurs, à les écouter, s'ils avaient de l'argent, ils intégreraient une de ces écoles payantes, ou tout simplement une licence pro, qui leur garantiraient des débouchés.

Certains, pourtant, y trouvent leur compte. Comme leurs parents ne peuvent pas payer leurs études, ils ont un petit job. Avec 417 euros par mois, la bourse de Julie ne lui suffit pas. Elle travaille vingt heures par semaine en cuisine dans un snack parisien. Yacine est dix heures par semaine dans un centre de loisirs : «Je m'éclate, je leur fais faire des courts-métrages.» Et lui, le «cancre», assure aussi cinq heures de soutien scolaire. De son côté, Aminé, 20 ans, a trouvé ses marques. Il profite à fond de ses plages de temps libre pour travailler en bibliothèque, aller au cinéma, lire... Il a construit son parcours : après sa licence, il tentera de rentrer en troisième année de Sciences-Po. Pour lui, comme pour les autres, la fac, banco ! A condition d'en sortir.


(1) Cité par Claude Lelièvre in «les Politiques scolaires mises en examen», 2002, Paris ESF Editeur, p. 121.



Caroline Brizard
Le Nouvel Observateur
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